[Drôme] les journées européennes des métiers d’art à Romans

Il y a quelques jours, j’ai été invitée par Valence Romans Tourisme afin de découvrir en avant première certains ateliers ouverts dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art (JEMA). Lancées en 2002, ces journées ont pour but de faire découvrir au grand public les professionnels des métiers d’art à côté de chez eux. Ouvertures d’ateliers, manifestations exceptionnelles, démonstrations de savoir-faire, les JEMA proposent une programmation variée et touchant des domaines d’activité souvent méconnus. Elles sont l’occasion de rencontres avec des personnes passionnées qui ont à cœur de partager. Lors de cette avant-première, nous avons pu visiter l’atelier d’une modiste-chapelière, celui d’une fabricante de bijoux et nous essayer à l’art du cyanotype.

Chapeau d’homme en feutre bicolore, fait sur mesure pour un client

Des chapeaux chez Blanche Abel

Nous avons débuté notre journée par l’atelier de Blanche Abel, installé dans une petite rue de la basse ville de Romans, à deux pas du musée de la Chaussure et des berges de l’Isère. Originaire de Romans, Blanche y est revenue après avoir créé sa marque à Paris et travaillé pour de grandes maisons de la mode ainsi que des productions pour le cinéma ou la télé. Elle créé des chapeaux sur mesure pour ses clientes et clients (ainsi que des petites séries pour des marques de luxe).

En attente d’emballage…

Dans l’atelier de Blanche, installé sur les 3 étages d’une maison de ville, on travaille la paille et le feutre de lapin. Nous commençons la visite par le show-room où la créatrice reçoit ses clients sur rendez-vous afin d’échanger avec eux sur la création du chapeau dont ils ont envie. Blanche nous y raconte son parcours (elle a débuté dans la cuisine avant une reconversion dans la mode, et a posé ses valises en divers lieux d’Europe avant de revenir à Romans). Elle nous explique ensuite les différents étapes de la réalisation d’un chapeau mais aussi les matières et leurs particularités. On sent toute la passion qu’elle a pour son métier à la façon dont elle en parle.

Blanche est passionnante à écouter quand elle parle de son métier, des chapeaux, des matières et de son engagement pour une relocalisation

Après cela, elle nous guide au premier étage où deux personnes sont en train de travailler. L’une coud le gros grain sur le bord de chapeaux en feutre, tandis que l’autre procède aux finitions sur un ensemble d’autres chapeaux. C’est l’occasion pour moi de me rendre compte de la dextérité des deux chapelières, de leurs gestes à la fois rapides et précis.

Couture du gros grain sur le bord d’un chapeau

Nous montons ensuite au deuxième étage. C’est là qu’a lieu le moulage des chapeaux sur les formes. Blanche possède de nombreuses formes de chapeaux, calottes et rebords, ce qui lui permet de multiplier les possibilités. Nous avons même le droit à la démonstration du démoulage d’un bibi, posé sur une forme à clés. Là encore, Blanche n’est pas avare d’explications sur les différents types de feutre, sur l’apprêt, sur les pailles (qui arrivent en ruban), sur la machine à coudre la paille qu’elle a acquis et dont elle apprendra bientôt à se servir pour être encore plus autonome et limiter encore plus les trajets de ses matières.

Chapeau de feutre sur la forme
Démoulage du bibi
En pleine explications sur la paille

J’ai l’impression que Blanche pourrait nous raconter pendant encore des heures ce qui fait la beauté de son métier mais aussi comment elle aimerait une économie plus locale (actuellement, certaines matières ne sont pas fabriquées en France… car il n’y a pas de producteur. C’est le cas de la paille par exemple) et réduire encore son impact sur la planète. Mais l’heure tourne et nous sommes attendus dans un autre atelier…

Dans le showroom
Boîte à chapeau
Blanche peut fabriquer toutes sortes de chapeaux
Bibis de cérémonie
Le feutre permet de nombreuses fantaisies, comme l’incrustation de cuir

(*) Blanche Abel, 26 rue Bistour, 26100 Romans

Des bijoux en cuir upcyclé et argent recyclé chez Janoé

Notre deuxième arrêt de la matinée est prévu dans l’atelier Graines de Couleurs où nous rencontrons Margaux qui va nous parler de ses bijoux en cuir upcyclé et argent recyclé, qu’elle produit sous la marque Janoé. Là encore, il ne s’agit pas du premier métier de la créatrice. En effet, Margaux était auparavant animatrice pédagogique dans un parc animalier. Elle a découvert la matière première cuir un peu par hasard en tombant sur de jolies pièces dans une ressourcerie. Son côté créatif la pousse à essayer d’en faire quelque chose.

En se renseignant, elle se rend compte de l’énorme quantité de cuir qui est jetée chaque année par l’industrie maroquinière. C’est le point de départ de sa marque Janoé : utiliser les petits bouts de cuir qui sont normalement jetés. Margaux décide d’associer ce cuir à une matière précieuse recyclé : l’argent. Le reste, c’est son goût et sa sensibilité qui permettent la création de bijoux modernes, et écoresponsables.

Les bijoux Janoé en cuir upcyclé et argent recyclé

Après nous avoir parlé de ses valeurs, Margaux nous montre ses outils et ses sacs remplis de cuirs fabuleux (son fournisseur, situé à quelques kilomètres de Romans, récupère des cuirs des usines des grands noms de la mode, dont plusieurs sont installés dans les environs également). Elle nous permet même de nous essayer à la découpe du cuir, au couteau ou à l’emporte-pièce à l’aide d’une petite presse qui était à l’origine destinée à poser des rivets et a été modifiée pour être réemployée. C’est un vrai plaisir que d’échanger avec Margaux, dont on sent les convictions fortes et l’engagement dans le discours et dans les actes.

Margaux en pleine explication de l’utilisation de la presse pour découper à l’emporte-pièce

(*) Janoé Bijoux / Graines de couleurs, 22 rue Mathieu de la Drôme, 26100 Romans

Une pause déjeuner chez Magma Terra

En sortant de Graines de Couleurs, nous avons traversé la place Maurice Faure pour nous rendre chez Magma Terra. J’avais déjà eu l’occasion d’y aller prendre un verre (leur terrasse est très agréable aux beaux jours). Cette fois, je découvre la salle de restaurant, lumineuse et chaleureuse. Il y a un menu du midi et un menu du soir, qui changent chaque semaine. L’accent est mis sur les produits locaux et de saison, avec une proposition végétarienne à chaque fois. Ce jour-là, j’ai choisi une salade de lentilles (avec pommes, patates douces, grenade, noisette et tomme de Léoncel) en entrée et un colombo de légumes en plat. Je n’ai pas pris de dessert mais ceux de mes camarades étaient très appétissants.

Une salle colorée et lumineuse

(*) Magma Terra, 10 & 12 place Maurice Faure, 26100 Romans

Du cyanotype avec l’atelier Les Mirettes

Une fois rassasié, il était temps pour nous de passer à l’action. Pour cela, direction l’Artisanoscope dans la côte Jacquemart. Là, nous avions rendez-vous avec Laure de l’atelier les Mirettes. Photographe, elle pratique aussi la technique du cyanotype à laquelle elle va nous initier. Le principe est simple : un produit photosensible est étalé sur une feuille de papier, on masque certaines parties de la feuille, on expose tout cela aux UV (naturels ou artificiels), puis on rince et on découvre une impression en négatif dans les tons de bleu.

J’aime beaucoup les résultats des cyanotypes, et j’avais envie depuis un moment d’essayer

Après nous avoir montré les possibilités à partir d’exemples qu’elle a pu réaliser, Laure nous a fait choisir une feuille sur laquelle le produit avait été étalé. Nous avons ensuite laissé libre cours à notre imagination à partir des éléments à notre disposition : feuilles, plumes, dessins et photos imprimés sur transparents, etc. C’était d’ailleurs assez amusant de repérer les caractères de chacun selon la composition qu’il a réalisée, plus ou moins méticuleuse.

Ma composition avant exposition

Après, nous avons embarqué nos « plaques » jusqu’à une petite place voisine afin de les exposer à la lumière du soleil. Le jour était plutôt couvert, et il a donc fallu un petit moment (passé à discuter gaiement) avant que la couleur ne vire, indiquant que les UV avaient fait leur part. Il ne restait plus qu’à rincer le produit dans un bain d’eau vinaigrée pour que la magie opère et qu’on récupère notre cyanotype.

Ma composition après exposition // nos cyanotypes

(*) L’Artisanoscope, boutique à Romans dans la côte Jacquemart, boutique à Valence dans la Grand Rue et tiers lieu le Chalutier à La Baume d’Hostun


Si vous aussi, vous souhaitez profiter des Journées Européennes des Métiers d’Art, cela se passe toute cette semaine jusqu’au week-end prochain. Vous pouvez retrouver le programme pour Valence Romans sur le site de l’office de tourisme.


Lors cet instameet, j’étais invitée par Valence Romans Tourisme (que je remercie pour cette belle opportunité et les jolies rencontres que j’y ai faites), en compagnie de Maxime pour Le Caillou aux Hiboux, Lionel pour De beaux lents demains, Jérôme, Léa, Jeane, Cécile de Terres de Drôme.
Et bien entendu, ce que j’ai écrit ne reflète que mon ressenti personnel (et enthousiaste) de ce que j’ai vécu et des échanges qui ont eu lieu ce jour-là.

15 réflexions sur « [Drôme] les journées européennes des métiers d’art à Romans »

  1. C’est chouette des visites comme ça !
    J’ame beaucoup ces 3 ateliers, plein de belles compositions (préférence pour les chapeaux, quand même 😉 ).
    Belle journée !

  2. J’avais vu tes photos sur Insta et c’est superbe!
    Mes parents avaient visite une chapellerie a Chazelles je crois.
    En tout cas tres belle initiative et magnifiques découvertes!

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